Les Moana's

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vendredi 18 juillet 2014

En route pour les Galapagos

Les Galapagos, l’archipel inaccessible... Nous y sommes !



Cette carte n'est pas exhaustive, en plus des 3 îles principales et des 4 îles moyennes représentées ici, il y'a encore 5 îles plus au nord, dont l'île Darwin à l'extrémité nord-ouest. 17 îles en tout.


Petit retour en arrière sur la Navigation.

Samedi 28 juin - DÉPART

On lève l’ancre le samedi vers midi, pas de regrets, car les orages sont de plus en plus nombreux aux Las Perlas, le soleil de moins en moins présent. L’humidité est infernale. Beaucoup de choses moisissent dans le bateau, vêtements, tissus, sacs, coussins, housses de banquettes… pas moyen de les faire sécher.

On part sans eau, avec un dessalinisateur qui ne fonctionne plus qu’avec une seule membrane. Guy en a ras le bol de passer la moitié de son temps à bricoler, tester, coller, réparer,… moi aussi et pour être honnête si on n’était pas de l’autre côté du canal, on envisagerait de faire demi-tour pour rentrer à la maison.

La chaîne saute lorsqu’on remonte l’ancre, ça ne date pas d’aujourd’hui mais c’est de pire en pire. Soit la chaîne est usée, soit le barbotin (pièce du guindeau sur laquelle elle s’enroule) est usé. Guy rêve quelquefois de n’avoir juste à appuyer sur un bouton comme on le voit sur plein de bateaux, en regardant la mer sans se préoccuper de la remontée de la chaîne. Voilà la vraie raison pour laquelle on aime être seuls au mouillage… 

Mon PC ne veut plus s’allumer. Et l’appareil photo donne des signes de faiblesse, pffff…

Bon, allez cap au sud tout de même !

Dans le golfe de Panama, on aura droit à de beaux spectacles : souffles de baleine au loin, des dauphins en chasse qui par deux fois arrêtent de manger pour venir jouer avec nous dans l’étrave, des poissons qui sautent, et une  raie qui vole, poursuivie probablement par un plus gros qu’elle qui avait faim. Cette région est très poissonneuse !

On croise beaucoup de gros bateaux, cargos qui font route vers le canal de Panama.

Durant les deux premiers jours, on a eu des problèmes d’énergie, car peu de soleil et peu de vent (arrière), donc on barre une heure plusieurs fois par jour (le pilote auto étant énergivore), on allume le GPS traceur juste pour faire le point, et le radar uniquement la nuit. C’est agréable de barrer, on est en vent arrière mais le voilier avance tout seul, et garde bien son cap.

On s’éloigne vite des côtes panaméennes et des orages.

On fonce avec du vent de nord, 150 milles avalés en 24h, moyenne de à plus de 6 nœuds, des surfs à 9-10 nœuds et une pointe à 12 nœuds !


Lundi 30 juin

Le vent a faiblit dans la nuit et est passé au sud-sud ouest (200-210°), donc on l’a dans le nez.

C’est le début de la route en zigzag. On tire des bords.

Cap 250° on avance bien vers l’ouest mais trop au nord avec la dérive, et lorsqu’on est au cap 170° on a tendance à ‘reculer’ vers l’Est. Ce bord vers le sud nous permet juste de nous replacer pour le bord suivant vers l’ouest.


Mardi 1er juillet

Retour du soleil ! youpi. On ouvre les hublots pour aérer.



Au petit matin, Guy trouve que la bôme bouge beaucoup, alors que tous les cordages sont bien tendus (retenue, chariot d’écoute, hale-bas).

Et voici l’explication : la fixation de la bôme sur le mât a lâché. 


En août 2012 en Corse Guy avait déjà changé une goupille en prévention, là il s’agit d’une autre, usée.

Conséquence : la GrandVoile est déchirée à la base, puisque ça a forcé (toute la nuit ?) sur le bas de la voile.

4h de réparations plus tard tout est OK, 2h pour la fixation avec une bôme qui se balade violemment de chaque côté, et 2h de couture, sur 20 cm.

Le vent tourne de plus en plus au sud-ouest. On est obligé de modifier notre route et on commence à tirer des bords.

Un fou (à pattes grises) est venu se poser sur le pont. 


D’où vient-il ? Il y’a beaucoup d’espèces de fous (masqué, pattes bleus, pattes rouges) aux Galapagos, mais les îles sont encore à plus de 500 milles.

On dirait qu’il a une blessure au ventre. Il reste en notre compagnie une petite heure puis il s’envole.

Louna a trouvé un nouveau jeu, tourniquet sur le winch en se tenant à la manivelle. 

En fin d’après-midi, je fais un tour d’horizon, on est à 160 milles des côtes colombiennes, et je n’en crois pas mes yeux : des pêcheurs droit devant nous, 4 petites barques motorisées, ils mettent en place leur filet, on est obligé de changer de cap pour les éviter, au moteur. On est content que ce ne soit pas arrivé en pleine nuit. Le périmètre de leur filet est immense.

On se demande ce qu’ils font là aussi loin de la côte avec des embarcations si petites.

On aura l’explication plus tard.


Jeudi 3 juillet

Le vent s’installe au sud.

On en a fini de tirer les bords, maintenant c’est une navigation au près serré, avec une grosse houle de 3m qui vient du sud, et des vagues qui tapent le travers du bateau. On est secoués, mouillés et fatigués.

De plus à chaque grain, et ils furent nombreux mais pas trop violents, le vent change de direction (30 ou 40° d’écart), c’est vraiment déroutant et en pleine nuit on est totalement paumé, le ciel est noir sans étoiles, heureusement qu’il y’a le compas !

Par contre on a de l’énergie, les batteries sont pleines. Le vent souffle à 20 nœuds et l’éolienne produit tout toute seule, le soleil est absent.

Superbe spectacle qui nous remontent un peu le moral : des dauphins de partout.

On va prudemment à l’avant du voilier, car ça bouge. Ce sont des petits dauphins, pas comme ceux que l’on voit d’habitude devant l’étrave, ceux-là passent leur temps à sauter, ils jouent, pour notre plus grand plaisir.


Et en début de nuit, des lumières de bateaux.

Un gros bateau que l’on voit au radar, qui semble ne pas bouger, pas de feu rouge et vert, seulement un gros projecteur, on se demande s’il nous voit car ils doivent être aveuglées par cette grosse lumière. Et des petites lumières blanches qui dansent, en fait on les voit par intermittence sur tribord, mais elles semblent se déplacer sur bâbord, on va donc leur couper la route.

Il s’agit des pêcheurs, on les verra tous les soirs. Ça dure des heures, on est peu manœuvrable, et on a du mal à comprendre ce qu’ils font. Il vaut mieux un bon gros porte-conteneur qui suit sa route, c’est moins stressant.
  

Vendredi 4 juillet

On éponge… mais c’est de l’eau douce, pas du gas-oil, quel soulagement, on est presque content. 

Ça date du débordement du dernier remplissage de réservoir à Colon, avec la gîte tout est ressorti à tribord dans les cales où l’on stocke le vin en brique, les bouteilles,…



Le vent monte de plus en plus, on enroule le génois et on envoie la trinquette.


Samedi 5 juillet 

3 ris dans la GVoile, trinquette. La mer est très agitée durant la nuit et une grande partie de la journée.

Ca se calme un peu en fin d'après-midi.

Encore des bateaux de pêches qui passent juste devant nous.

Il s’agit du gros servant de stockage et d’abri, auquel est attaché quatre petites barques qui se font bien chahutées dans les vagues. On est à 300 milles des côtes de Colombie et d’Equateur ! On suppose qu’ils viennent ici pêcher pendant plusieurs jours avant de rentrer au port.




Dimanche 6 juillet : Passage de l’équateur : 

L’astre du jour nous fait grâce de sa présence le dimanche au matin. C’est sympa, on aura donc du soleil pour le passage de l’équateur, ça chauffe un peu, ça fait du bien, car les nuits sont de plus en plus fraîches. On a ressorti les vêtements de quart au bout de la troisième nuit, pantalon, veste et bonnet. 



Manoa se lève à 8h19, il était temps ! quelques secondes avant le passage de l’équateur. 

On n’a pas compris, car sur notre carte marine ci-dessous, il y’a un gros trait noir à l’équateur. On a bien regardé mais on a rien vu sur l’eau, pas de panneau non plus. 

Nous voilà donc la tête en bas...

Cérémonie (sans offrande) au Roi Neptune. Manoa en roi et Louna en sirène.





Un méthanier qui a légèrement modifié son cap pour éviter la collision. merci ! ça nous a évité de manœuvrer.


Lundi 7 juillet ARRIVÉE

Brouillard pendant la nuit.

6h30 on aperçoit l’île San Cristobal (anciennement île Chatam), et on se dit que les anciens explorateurs ont eu un sacré coup de bol de trouver les Galapagos, elles sont là posées au milieu de nulle part.

Avec la brume et un peu de ciel bleu, la côte et les volcans dessinent un paysage irréel.


C’est la première fois qu’on est aussi impatient d’arriver, et contents de voir les îles apparaître, cette navigation n’a rien de comparable avec le sentiment de plénitude et le bonheur ressenti pendant la transatlantique, là c’était plutôt ras le bol et grosse fatigue.


 le Rocher Leon Dormido sur la côte ouest de San Cristobal.


On contourne l’île San Cristobal, pour aller ancrer au seul endroit autorisé, dans la baie de Puerto Baquerizo (ou baie des Naufragés), on arrive tout penchés, vent de 25 nœuds, GV 3 ris, génois enroulé à moitié.


Pendant cette navigation, on aura joué aux dahus durant de longues heures.

Il aurait fallu se filmer. Beaucoup de gîte, avec les chocs des vagues qui secouent, on est plus affectés que les enfants, qui se débrouillent mieux que nous, centre de gravité plus bas sans doute, et ils se tapent moins.

La nuit ils se calent contre la paroi tribord de leur cabine, et ils dorment. Manoa se lève assez tard, on suppose qu’il ne dort pas aussi bien que d’habitude, il a eu des nuits quand même agitée, car à l’avant ça tape fort et il décolle de son matelas.

Faire la cuisine ne fut pas une partie de plaisir, car tout est à bâbord, et il faut user de ruse pour ouvrir le frigo.

On aura mis 9 jours exactement pour atteindre les Galapagos.

9 jours, comme le couple Moitessier à bord de Joshua (livre Cap Horn à la Voile), alors je suis fière ! sauf que nous on a mis un peu le moteur… mais on est soulagés, car on pensait en avoir peut-être pour 15 jours ou plus, les conditions furent fatigantes mais ça aurait pu être pire, avec des orages violents et des grands calmes typiques de la région ZIC (zone intertropicale de convergence) ou pot-au-noir. D’après la météo prise avant de partir, la limite sud de la ZIC était à 2° au-dessus de l’équateur, ensuite on ne sait pas comment elle a évolué. Nous ce fut du 20 nœuds au près serré, et vagues de travers !

Comme dit un de nos amis voileux ‘la mer nous a laissé passer’.


Voici en gros le trajet que l’on a effectué, en réalité on a tiré beaucoup plus de bords que sur le dessin.




 Bilan navigation :

-         994 milles parcourus (924 en ligne droite), donc 70 milles de plus que prévu

-         150 milles les premières 24h, puis 120, 95, 70, 65, 100, 97, 130 et 110.


-         1 poisson volant et 2 calamars sur le pont

-         2 jours de soleil, 2 nuits étoilées pendant lesquelles j’ai pu apercevoir encore la grande ourse toujours la tête en bas. L’étoile polaire a définitivement disparu de notre ciel.

-         28h de moteur (dont 10 pour faire de l’énergie et de l’eau, 18h pour se remettre dans la bonne direction et éviter de tirer des bords trop carrés)

-         75-80 litres de gas-oil

-         fixation de la bôme cassée, réparée le matin même

-         Grand-voile déchirée à la base, recousue pendant la navigation

-         sac de la trinquette déchirée, recousue. L’écoute de génois a ragué durant toute une nuit sans qu’on s’en rende compte.

-         ventilateur câle moteur HS, adaptation d’un neuf trop gros, et mise en place en route

-         de plus en plus d’air dans le moteur, l’autonomie de 5h est passée à 2h, galère…


Ça y'est, nous sommes en Equateur, aux Galapagos, l’archipel difficile à atteindre… on a du mal à réaliser.






On jette l’ancre au milieu des otaries...









retour Las Perlas


retour Grand Voyage




























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