Les Moana's

Les Moana's

mercredi 20 août 2014

Bilan - 1 an de voyage

20/08/2014

Bilan - 1 an de voyage
une année de voyage à bord de MOANA



des dates et des chiffres

4 août 2013, nous larguons les amarres et quittons le doux port des Saintes Maries de la Mer.

4 août 2014, nous sommes en pleine traversée du Pacifique.

Entre ces 2 dates, que de chemin parcouru : 10855 milles nautiques (transpacifique incluse), pas étonnant que l’on ait ressenti un peu de fatigue et de ras le bol (1 mille = 1852 m)

Beaucoup de 2 : 2 mers, la Méditerranée et la mer des Caraïbes, 2 passages mythiques, le détroit de Gibraltar et le canal de Panama, 2 océans, l’Atlantique et le Pacifique, avec toujours 2 enfants à bord.



un passage délicat

Le bilan de cette année est positif.

Mais je ne suis pas dupe, car il a été écrit pendant la traversée de l’océan Pacifique, navigation que l’on a beaucoup appréciée. Etre en mer loin de tout permet d’alléger les mauvais souvenirs et de ne garder que le positif, mais tout n’est pas oublié ni effacé pour autant.

Les semaines entre avril et juin ont été très délicates, beaucoup de fatigue, de doute, à peine envie de continuer vers le Pacifique. On s’est demandé à plusieurs reprises si c’était judicieux ou pas de le faire, au vue de notre état psychologique, du ras le bol avec les enfants, de l’école catastrophique, des soucis mécaniques du bateau et des dépenses qui n’en finissent pas. Evidemment pendant cette période les enfants ont été intenables, conséquence ou cause secondaire de notre état d’esprit ? Eux qui étaient si complices avant, ont passé leur temps à se chamailler, les journées ont été très difficiles à gérer, pire qu’à la maison (pour les amies qui me connaissent, elles voient de quoi je parle…)

Les mois passés en Martinique et à Ste Lucie ont été reposants et calmes comparés à cette descente marathon des Grenadines et de notre traversée jusqu’à Panama. Pour autant malgré la fatigue et le moral desfois bien bas, nous avons d’excellents souvenirs des Grenadines, et ses îles paradisiaques restent gravées dans notre mémoire.



Avec  le recul, il faudrait 3 ans pour faire le périple que l’on fait, ce qui nous aurait permis de plus profiter du sud de l’arc Antillais, et plus de la mer des Caraïbes et de la région de Panama.

Mais la météo et les saisons n’attendent pas, il fallait avancer.

Une fois passé le canal de Panama, et une fois quittés Las Perlas, ouf, les doutes et les inquiétudes sont retombées, nous étions dans le Pacifique, plus question de faire demi-tour, et surtout très contents d’être là.

Le marathon dans les Caraïbes aura servi à nous offrir un magnifique séjour aux San Blas avant les orages dangereux de la saison des pluies, et une belle transpacifique.





Les saisons

Nous avons un peu rattrapé notre retard, mais nous sommes maintenant inquiets pour la suite, à cause du phénomène climatique El Nino confirmé pour cette année. Il accroit le risque de cyclones dans le Pacifique. En temps normal (mais peut-on encore parler de normalité ?) les cyclones dans le Pacifique Sud sont très rares, rien de comparable à ce qui se passe dans les Grandes Antilles à chaque saison des pluies, ou dans le Pacifique Nord (Hawaï).

La saison cyclonique (ou saison des pluies, l’été) en Polynésie commence en décembre, jusqu’en avril. Mois les plus dangereux : de janvier à mars. Il faut donc être à l’abri (ou à proximité d’un abri) à partir de décembre. On ne sait pas encore où ni comment, il n’y a pas vraiment d’abri en Polynésie. Les Marquises sont en dehors de la zone cyclonique, mais on ne peut pas y rester jusqu’en avril, c’est trop proche ensuite de notre fin de voyage. On prévoit donc de visiter les Tuamotu en octobre et novembre, et après se diriger vers les îles de la Société et Tahiti. L’archipel des Gambier semble être juste à la limite des cyclones, alors peut-être on ira là-bas pendant le mauvais temps. Les Australes ? on espère pouvoir y aller, car cet archipel est encore plus sauvage que les autres, mais pas toujours facile d’accès, situé au sud-est, donc avec du vent dans le nez.

Malgré cet impératif de dates, nous allons en Polynésie faire des escales beaucoup plus longues que dans les Caraïbes, ce qui devrait nous permettre d’être plus en forme, de plus en profiter et peut-être de faire de belles rencontres à terre ou en mer. 4 mois avant la vilaine saison, et x mois pendant et après, pour nous permettre d’explorer les archipels de Polynésie, il y’a pire dans la vie… J



Un escalier bizarre

On est bientôt au bout de notre route en escalier, cap à l’ouest, puis au sud, … plusieurs fois depuis le départ, et une dernière marche nous attend vers le sud de la Polynésie. En gros, depuis les Saintes Maries, nous avons mis cap à l’ouest vers Gibraltar, puis cap au Sud vers les Canaries et le Cap vert, puis Ouest vers la Martinique, puis Sud vers Grenade, puis Ouest vers Panama, puis Sud vers Galapagos, et Ouest vers les Marquises.





Envie de vraies vacances ? ou envie de rentrer ?

On aurait, surtout moi, bien eu besoin de repos, sans enfants, loin du bateau, sans penser à rien, sans avoir à anticiper, organiser, faire l’école, exécuter les tâches ménagères… Le voilier est un lieu exigu, où l’intimité n’existe pas, il n y’a aucun moyen de s’isoler, pas d’échappatoire, à part se jeter à l’eau et nager. Et même là, il y’a un risque d’être poursuivi par un schtroumpf qui comme par hasard aura eu envie de se baigner au même moment. Rien d’extraordinaire donc, c’est comme à la maison, mais en plus difficile… Car même s’ils sont de plus en plus dégourdis grâce au voyage, il y’a beaucoup de choses qu’ils ne peuvent pas faire eux-mêmes dans le bateau, des choses quotidiennes qui ne posent pas de problème à la maison. Allumer la lumière dans les toilettes, tirer la chasse, ouvrir le frigo en navigation, accéder à certains placards… je suis donc sollicitée en permanence, c’est usant, et je souffre de ne pas avoir assez de temps pour moi.

Je rêve certains jours d’une vraie douche, sans me demander s’il y’a assez d’eau, s’il fait froid, si le vent va emporter ma serviette, ou si le roulis va faire tomber le savon à la mer… on parvient encore à se gérer soi-même, mais il faut anticiper les mêmes choses pour les enfants.



Ras le bol lorsque la fatigue est présente, de soulever les lits pour aller chercher un objet dans le coffre, de systématiquement avoir besoin du truc enfoui sous d’autres qu’il faut enlever puis reranger dans le bon ordre, sinon le placard ne ferme plus.

Marre de toujours éponger les fonds, gasoil, eau douce, ou eau de mer toujours à l’arrière dans notre cabine et celle de Louna malgré la réparation du safran (ça vient d’ailleurs ?), où heureusement tout est stocké dans des caisses plastiques.





La propreté

Au bout d’une année de voyage, le voilier n’est pas en très bon état, point de vue propreté. Après les quelques mois dans la région de Panama au taux d’humidité proche de 100%, beaucoup d’objets ont rouillés, et surtout beaucoup de tissus ont moisi. La lessive quotidienne des vêtements n’est pas trop contraignante, elle demande du temps mais ça va, par contre on aurait bien besoin d’une bonne machine à laver pour les draps, oreillers, coussins qui ont eu droit à des douches d’eau salée,… Impossible de tenir un voilier propre, puisque dessalinisateur ou pas, on a peu d’eau douce. L’aspirateur de bord consomme de l’énergie et n’est pas très efficace dans les coins. Et puis il y’a les câles, les trappes, les fonds de coffres et de placard difficiles d’accès.



L’école et les enfants

En prime il faut faire l’école. C’est toujours délicat, et rares sont les matinées qui ne se terminent pas dans les larmes, le ras le bol, et l’envie de les mettre en classe pour ne plus avoir à gérer cette corvée. Je suis très inquiète quant à leur retour dans le milieu scolaire. Evidemment ils seront les premiers en géographie, en natation, en biologie marine et identification des poissons tropicaux, en écologie et économie des ressources… mais ce n’est pas ce qu’on leur demande dans le cadre de notre éducation française si exigüe, qui veut que tous les enfants soient identiques, c’est plus pratique pour les ranger dans des cases. J’espère qu’ils ne souffriront pas d’être différents. En tant qu’adulte on sait que la différence est une force, mais un enfant confronté à ses copains de cours d’école ou de la rue, a envie d’être comme eux. Pourvu qu’ils s’adaptent vite, tout en souhaitant qu’ils gardent un décalage, une facilité d’adaptation et une ouverture d’esprit pour le reste de leur vie. A nous de leur montrer le positif de cette différence, et comment ils peuvent en tirer bénéfice auprès de leurs copains.

Faire l’école s’avère bien plus difficile que ce que j’avais imaginé. Le bateau, les réparations, les préparations des navigations et recherche d’infos sur les destinations, la préparation des repas, lessive, courses, remplissage du gaz, plein d’essence… bref, le quotidien qui prend beaucoup de temps, et bien plus qu’à terre, il faut être multitâche, les matinées sont trop remplies. Il y’a aussi certaines régions comme à Panama, lorsqu’il fait 31 ou 33° dans le bateau dès 8h du matin, malgré les tauds de soleil tendus sur le pont, les gouttes de sueur tombent sans bouger, les mains collent aux cahiers, et il est vraiment difficile, voire impossible d’étudier. Ensuite dans les îles montagneuses, souvent le ciel est dégagé le matin, et les nuages arrivent l’après-midi, alors comme on n’est pas parti en voyage pour passer son temps enfermés dans le bateau, on sort plutôt le matin pour profiter du soleil, donc soit on écourte les matinées d’école, soit on les transfère sur l’après-midi, sachant que Manoa est moins réceptif en fin de journée. Heureusement on vit avec le soleil et tout le monde est debout vers 6h, 6h30 maximum. Il n’y a pas de vacances scolaires, pas comme on l’entend sur le calendrier, mais des coupures obligatoires rythmées par la nécessité du voyage : avitaillement ou réparations importantes avant ou après de grandes navigations, passage du canal de Panama…

Le bateau semble être souvent une frustation pour eux, ils ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont, ils ne sont pas assez grands pour comprendre le fabuleux voyage que l’on a entrepris. Ils parlent beaucoup (surtout Manoa qui a plus de souvenirs) de la maison, de leurs jouets, de leurs copains, certains membres de la famille, et des choses qu’on faisait en France. Evidemment les journées où l’on fait du snorkeling pendant des heures, ou baignade et plage… ils ne réclament pas la maison. Mais ces journées représentent moins de 10% du temps. Quels souvenirs vont-ils retenir de ce périple ? et les souvenirs seront-ils bons ? j’en doute un peu, mais bon, on verra. Je trouve aussi qu’avec le voyage ils ont oublié quelques règles, ils sont moins polis, sont devenus un peu ‘sauvages’ lorsqu’on se retrouve en public, ou dans un magasin, des attitudes qu’ils n’avaient pas avant. Ils ont acquis des libertés, et ce n’est pas toujours dans le bon sens… les codes ne sont plus les mêmes qu’à terre. Seraient-ils devenus des ‘sâles gosses’ ?...



Les rencontres, depuis les Antilles et la séparation de nos amis espagnols à Bonaire, se font rares, presque inexistantes. Une seule rencontre à Portobello d’une famille en catamaran, mais c’est tout. On est seuls. On s’en doutait, il y’a peu de bateaux famille qui font route vers le Pacifique, et la majorité sont partis bien avant nous. Ce n’est pas très grave, c’est surtout dommage pour les enfants, on espère qu’ici avec des escales plus longues, on va à nouveau se faire des copains, et puis enfin finie la barrière de la langue. On espère pouvoir mettre un peu les enfants à l’école aux Marquises, puis ensuite aux Tuamotu et dans une des îles de la Société. Ca sera bénéfique pour tout le monde, et ils auront des copains. Dès que l’on discute avec quelqu’un dans la rue, Manoa nous dit ‘bon ça y’est ils viennent prendre l’apéro ce soir ?’.



Nous avons eu peu de visites depuis notre départ. Deux fois de la famille (mes parents) et deux fois des copains. C’est dommage, on pensait que plus de gens nous auraient rejoints, notamment en Martinique où c’était facile puisqu’on savait que l’on allait y rester un bon mois. Mais ensuite, c’est vrai qu’entre le prix des billets d’avion et la difficulté de nous retrouver dans un lieu à une date précise… les rendez-vous en voilier sont délicats. Peut-être du côté de Tahiti, on espère retrouver quelques copains qui auront cassé leur tirelire pour un vol vers les îles du Pacifique.





Nombre de coups de pompe : il ne s’agit pas là des coups de fatigue, mais des coups de pompe manuelle, pour les toilettes. Les enfants sont trop petits pour pomper eux-mêmes, la pompe est trop haute et ils n’ont pas assez de force. Manoa commence mais ce n’est pas évident, et en madame qui aime les choses parfaites, il faut de toute façon que je passe derrière.

20 fois par jour,  environ 15 coups de pompe à chaque fois.

donc 15 x 20 x 365 = 109 500

Avec tout ça on devrait avoir les bras bien musclés !!

Incroyable ! Quelle économie d’eau douce pendant le voyage, plutôt que tirer la chasse d'eau si o était resté à la maison.





Les problèmes mécaniques et pannes diverses ont été nombreux pendant cette année de voyage, ils ont entamé le budget et le moral. Plus nombreux que sur la plupart des autres voiliers, du à l’âge du bateau sans doute, car ce n’est pas faute de le bichonner. Cela ne nous a pas empêché d’arriver jusqu’en Polynésie, mais à chaque fois le moral de l’équipage a été mis à dure épreuve. Lorsque le voilier se transforme en boîte à outils géante, on est bien loin du concept rêvé des vacances. Beaucoup de temps perdu, du temps que l’on aurait pu consacrer à la visite d’îles, mais surtout du temps que l’on aurait pu passer avec les enfants, à jouer, discuter, se balader…







Budget

Détail des dépenses dans le fichier Excel : depenses-voyage

Alimentation / mois : moyenne 580 € depuis avril. Moyenne sur l’année : 540 € mensuel. Notre périple ne nous a pas emmené dans des pays pauvres à part le Cap Vert et quelques régions de Panama, donc dans l’ensemble le budget alimentation est aussi élevé qu’en France. Même dans certaines îles antillaises où le niveau de vie est bas, les produits alimentaires sont très chers.

Port / clearence : 350€/mois clearence Grenadines, clearence Grenade, bouées Bonaire, clearence + permis de navigation Panama, marina Colon, et l’entrée aux Galapagos. Ce poste est très élevé en juin et juillet (Panama Galapagos), quasiment nul le reste du temps. Clearence gratuite en Polynésie.

Réparation / entretien voilier / accastillage : avril 800 / mai 250 / juin 240 / juillet 30 – moyenne 330€

Loisirs / excursions / souvenirs : moyenne 75 € /mois

Gasoil / essence / gaz : moyenne 140€ / mois, dont 30% pour le gaz

Téléphone / internet : moyenne 24€ /mois



Total par mois entre avril et juillet : 1500 €

Total par mois sur l’année complète entre août 2013 et août 2014 : 1630 €

Somme faramineuse, à laquelle il faut ajouter l’assurance du voilier (Responsabilité Civile uniquement + rapatriement 630€ annuel), l’assurance santé (560€ par trimestre), ce qui monte le total mensuel à ~1800 €

Il y’a des escales où l’on ne dépense rien comme aux San Blas, d’autres où on passe son temps la main dans le portefeuille, c’est comme ça. On ne dépense rien en navigation, mais à l’arrivée il y’a toujours des frais de réparations ou d’entretien.



Merci aux généreux donateurs, nombreux, avant le départ, et pendant le voyage.





Moteur / gasoil

Nombre d’heures moteur sur 1 an : 366 heures

Soit environ 915 litres (consommation de 2,5 litre à l’heure), ce qui est bien inférieur à ce qu’on utilise à terre sur une année pour nourrir la voiture et aller travailler ou partir en week-end.





Le voyage et les îles

Calcul comparatif sur le voyage en lui-même.

Pour faire ce périple, en gardant notre statut de salarié privé, au rythme de 3 semaines de voyage par an (sur les 5 de congés payés), il nous aurait fallu 17 ans pour voir tout ça ! Et on n’a pas fini. C’est certain, on a pris de l’avance… Et c’est très bien comme ça, aucun regret, quand on sera vieux et malade ou les deux, ça sera trop tard.



J’ai commencé du côté de Panama à compter le nombre d’îles que l’on a ‘visité’, pas seulement celles que l’on a vu, mais celles sur lesquelles on  a réellement posé le pied depuis notre départ (je pense notamment à une île au cap vert où l’on n’a pas pu débarquer en raison d’une trop forte houle), îles explorées pendant plusieurs semaines ou juste pour quelques heures. Je n’y arrivais pas, pas assez de doigts dans la main, pas assez de mains.

J’ai donc pris un papier et un crayon, et me voici avec une liste supplémentaire (j’aime bien les listes), celle des îles parcourues avec MOANA depuis août 2013.

Voici pour mémoire (et pour Guy), les îles, par ordre chronologique, classées par archipel. Je suis la seule à bord à établir une liste exhaustive rien qu’en puisant dans mes souvenirs, et je suis capable d’y mettre quasiment toutes les dates d’escale. Selon Guy, c’est pour ça que je suis toujours débordée, en fait c’est ma tête qui déborde.

(Baléares 5) Minorque, Majorque, Ibiza, Espalmador, Formentera

(sud Espagne 1) Tabarca

(Canaries 3) Graciosa, Lanzarote, Grande Canarie

(Cap Vert 4) Sal, Boa Vista, Sal Rei, Santiago

(Petites Antilles 2) Martinique, Sainte Lucie

(Grenadines 10) Bequia, Petit Nevis, Canouan, Mayreau, Petit Bateau, Jamesby, Baradal, Petit Tabac, Union, Morpion

(état de Grenade 5) Cariacou, Sandy, Saline, Ronde, Grenade

(Hollande 1) Bonaire

(San Blas 15) Porvenir, Sail Rock, Coco Bandero Cays 4, Holandes Cays 3, Lemon Cays 2, îlots 4

(Las Perlas 5) Cantadora, Bartolomé, Chapera, Rey, Espiritu Santo

(Galapagos 2) San Cristobal, Lobos

53 îles, bon sang ça donne le tournis !

Nos coups de cœur vont en premier pour les San Blas, première place du podium, et de loin. Le paradis … et à chaque fois que j’y pense mon estomac se sert, c’était tellement beau et on a vraiment vécu 2 semaines de rêve  et de quiétude là-bas, coupés du monde.

En second vient Bonaire, l’aquarium géant, des fonds et une vie sous-marine comme on en a rarement vu, la douceur de l’île et de ses habitants.

En troisième, les Tobago Cays, paysage à couper le souffle, îlots verts aux plages de sable blanc, au milieu d’un immense lagon turquoise aussi beau le jour que les nuits de pleine lune.

En quatrième Petit Nevis, ce fut notre île pour deux jours, notre petit monde rien qu’à nous, c’est là que Manoa et Louna pour la première fois ont fait du snorkeling, c’est là aussi que nous attendait le trésor de Jack le Pirate.

Malheureusement aucun de ces 4 lieux ne peut nous accueillir pour la vie, ni pour quelques années. A part Bonaire, mais en bon français, quitte à s’installer quelquepart, on préfère s’installer dans une île française.

Nous avons également adoré Minorque et Formentera (Baléares), mais pas assez basses en latitude pour nous.

La Martinique est pour l’instant hors classement.

Des îles… uniquement des îles. Pour mettre à profit le voilier, on n’avait pas envie de se balader sur les continents et de visiter des endroits accessibles par tous en voiture ou en avion.

Des îles, une île au bout du voyage… que trouverons-nous au bout de notre chemin ?

On serait tenté de faire comme notre gourou (maintenant que Guy a lu les livres de Moitessier, je peux dire ‘notre’), s’installer sur un motu, pourquoi pas finalement ? pour quelques années. Et redécouvrir le vrai travail, celui qui n’abrutit pas, qui ne stresse pas, qui ne pollue pas, qui est utile pour vivre et non pour ramener de l’argent aux actionnaires. Redécouvrir une vraie vie, en harmonie avec la Nature, et en prime se réveiller chaque matin devant un lagon aux couleurs étincelantes, tout en nuance de turquoise.

Mais… il faudrait qu’il y’ait une école pour les enfants, je ne peux pas continuer à faire la maîtresse. Et puis, peut-être a-t-on un peu peur ? oui sans doute. Faire une parenthèse de 2 ans c’est une chose, changer radicalement de vie en est une autre. La vie à l’Européenne est abrutissante et déshumanisante, sans aventure ni liberté, mais si facile, ordonnée, pleine de sécurité, et confortable.

Le paradis tropical a lui aussi son côté négatif, les cyclones, les tempêtes, les tsunamis, les éléments qui se déchainent, il n’ya pas de demi mesure, le paradis peut devenir l’enfer.

A méditer… la fin du voyage est encore loin, nous avons le temps d’y réfléchir.



La liberté

Vivre sur un voilier offre beaucoup plus de liberté qu’une vie terrestre. Moins que ce qu’on avait imaginé, malheureusement on ne peut pas naviguer toujours où on veut ou jeter l’ancre où on le souhaite, ce n’est pas aussi simple. Il y’a d’abord des mouillages réglementés dans certaines régions du globe, pour limiter (à tort ou à raison) l’impact sur l’environnement et nous prendre un peu d’argent au passage, ces règles là sont discutables. Ensuite il y’a les lois de la mer, et là on ne discute pas, on ne joue pas, on est obligé de se plier, respect de la météo, des saisons, la connaissance des lieux et de ses dangers… Malgré cela, on a tout de même le sentiment d’être libre la plupart du temps.

Les contraintes en mer sont fortes, mais ce ne sont pas les mêmes qu’à la maison. On n’a quasiment pas de contraintes horaires, et même si les journées sont courtes sous les tropiques et que le temps n’est pas élastique, on peut toujours remettre au lendemain ce qu’on n’a pas pu faire le jour même. La gestion du quotidien est souvent lourde, et les vraies journées de vacances sont peu nombreuses, maintenant on en est conscient, on a été déçu mais ce n’est plus le cas, il faut faire avec et profiter encore plus des bons moments.

Tout ce qu’on vit est plus intense, les mésaventures sont plus fortes mais les moments de bonheur sont plus forts aussi.

Ce qui est certain, c’est que malgré les inconvénients, les galères, les journées où rien ne va, le cadre de vie reste exceptionnel. C’est toujours appréciable d’être au mouillage, on vit dans un environnement qui est beau, ouvert, on respire, on a une vue exceptionnelle sur la Nature.

On profite d’une qualité de vie hors norme, sans pollution, sans maladie, sans file d’attente sur la route ou dans les magasins, et sans collègue de bureau désagréable L





La communication

Toujours compliqué d’avoir accès à internet, et quelquepart en contradiction avec notre vie coupée du monde. Les emails et la mise à jour du blog me demandent beaucoup de temps, mais comme je l’ai déjà expliqué à certains d’entre vous, le blog et les photos sont notre album au fil de l’eau, je le fais pour nous, pour les enfants, et pour vous depuis que l’on a conscience du nombre de personnes qui nous suivent.

Le fonctionnement est le même depuis les Baléares, une carte SIM que l’on insère dans le téléphone, que l’on connecte au PC. On traîne dans les bars wifi uniquement pour les chargements de cartes marines électroniques, les mises à jour des ordinateurs et les gros fichiers à télécharger sur Youtube, car la carte de téléphone prépayée reste chère et internet n’est pas illimité.

En Polynésie, nous n’aurons pas d’accès internet partout, la couverture réseau est en théorie assez bonne, mais déjà ici aux Marquises, le débit est très lent et ne me permet pas d’insérer beaucoup de photos dans les pages, et le réseau ne passe pas dans certaines baies. Aux tuamotus, on aura accès dans très peu d’atolls.

Vous pouvez toujours nous joindre par l’iridium (c’est gratuit pour vous), mais n’oubliez pas de signer, sinon on ne sait pas qui nous a écrit.

Mon PC donne des signes de fatigue, dû à son grand âge et surtout à l’humidité ambiante. Il ne voulait plus s’allumer à la fin de nos escales panaméennes humides et chaudes, et a retrouvé une seconde vie aux Galapagos sous un air plus frais et plus sec. Depuis il va bien, espérons que ça dure…







Le bilan est positif malgré tous les aspects sombres que je viens de décrire, c’est parce que je ne reparle pas des coins magnifiques où l’on a été, des merveilles découvertes sous l’eau, des moments forts, qui sont racontés et représentés en images tout le long du blog, et que l’on s’efforce de garder à l’esprit, afin d’occulter le négatif (sans l’oublier) et de continuer l’Aventure.

Et à moins que l’on nous ait menti sur la Polynésie, pour ce qui est des beaux paysages, ce n’est pas fini…

A bientôt pour de nouvelles aventures.



Les MOANA prêts pour explorer le Pacifique Sud.







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